56, rue Richer, 75009 Paris.
M° : Notre-Dame-de-Lorette, Cadet, Grands-Boulevards.
Tel : 01 44 83 02 30.
De midi à 14h15 (sauf samedi) et de 19h à 22h30. Fermé le dimanche.
Si je vous dis Kikumasa, Ooyama, Nishinoseki, Tsukasabotan et Harushika – ça vous inspire quoi ? Des noms de Pokémon évolués ? Raté. Des prises de karaté ? Encore raté. Ben, moi, maintenant, je sais : Santé ! Et oui, ces termes ne sont autres que des variétés de Saké – et avec non moins de quatorze options différentes chez Kiku, ça sent le japonais vrai de vrai, pas le toc sous la toque du toqué.
Dans cette petite pépite du côté obscur de la rue Richer, le service est chinois et le chef japonais. Malgré une devanture désarmante de banalité, on est à mille lieues du boui-boui qui nous déballe et nous débite des papyrus de sushis, makis, yakitoris et autres shirashis à base de poisson cru, riz vinaigré, gingembre et wasabi – Kiku le gastronomique innove par la simplicité, nous initiant avec respect à la subtilité des cuissons et à la finesse du savoir-faire japonais, via produits de saison et assiettes raffinées. La salle, à la déco sobre, tranquille et aux tons ocres-boisés, n’a pour fantaisie que quelques pliages origami.
Certes, le cadre sent le toc, mais la toque n’en est pas moins éthique : «le thon est une espèce menacée, c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de ne pas servir du thon dans notre restaurant. Merci de votre compréhension.» Noble et éco-responsable, le message est finement calligraphié sur la première page du menu en papier mâché; menu que l’on ne découvrira qu’à l’arrivée tant attendue de nos assiettes, dégustation oblige. Et c’est parti pour une succession de tonalités aussi douces que contrastées, un festival de saveurs qui étonnent, certes, mais sans jamais contrarier : du maquis de maquereau sauce ponzu au mi-cuit de saumon émietté sur lit d’herbes finement cisaillées et sauce vinaigrée, en passant par le dos de cabillaud poché au gingembre avec mousseline du betterave et riz parfumé, le chef nous émoustille tant les papilles qu’on aurait presque envie de pain pour saucer. Consensuel, frais, léger, efficace et raffiné. Mais surtout : sans culpabilité.
Pour l’avoir vu balayer tous les regards des clients émerveillés (et se faire ingurgiter en deux-deux par un petit chanceux qui fermait les yeux, en mode pub pour le Velouté), impossible de résister au dessert du jour pour terminer en beauté ce repas prodigieux. Avec ce jeu de saveurs et de textures aussi étonnantes que finement accordées, la crème légère de chocolat blanc et citron japonais aux fruits frais et sa réduction de vinaigre balsamique sont tout bonnement bluffantes. Le repas se terminera là, et pour la toute première fois après un menu gastronomique, on ne ressort pas gavé – juste complètement satisfait, subtilement initié et agréablement intimidé. Oui, Kiku fait du bien à la planète et à notre gosier, mais n’agresse pas non plus notre porte-monnaie – à 35 euros par personne le menu gastro, il ne me vient à la bouche qu’un seul mot : chapeau.
A must-try gastronomic restaurant with a 35 euros‘ degustation-menu option. Kiku is a smooth initiation to japanese cuisine that surprises our taste-buds without disgruntling them.