20, rue d’Artois, 75008 Paris.
M° : Saint-Philippe-du-Roule. (Mais fais pas genre tu le prends.)
Tel : 01 43 80 19 66.
Resto ouvert du lundi au vendredi de 12h à 14h et de 20h à 22h.
Bar de 12h à 15h et de 18h30 à minuit.
A MA SAUCE IS BACK LES ENFANTS, EN PLEINE FORME POUR CROQUER LE MONDE A PLEINES DENTS.
Il s’est passé un truc assez étrange dans ma life mercredi 12 mars dernier : j’ai fait un bond de 100 ans en arrière, et sans rien demander. Genre, un peu comme si j’étais la Belle au bois dormant – et que ce métrosexuel de prince Philippe en ceinturon et chapeau à plume m’avait désembrassé nonchalamment.
C’était chez Apicius, lors d’un dîner organisé par la maison GH Mumm un peu particulier – et je me suis volontiers laissée embarquer dans le passé. Les yeux fermés, soit – mais en ouvrant bien mon gosier à la cuisine de Jean-Pierre Vigato (une étoile en moins … ou pas,) et à quelques grands crus classés.
Alors fermez les yeux à votre tour, et laissez-moi vous raconter. (Sauf que si on shut nos orbites on ne pourra plus te lire, espèce de teubée.)
Ah oui, c’est vrai. (Je suis blonde à forte poitrine, hein – faut pas l’oublier.)
Bref. La nuit tombe et nous sommes donc spacio-temporellement chez Apicius (c’est à dire dans un lieu magique au parc somptueux à deux-pas des Champs-Elysées, mais avec l’impression d’avoir fait deux heures de bagnole direction les Châteaux de la Loire en plein été) et en 1900 : c’est cette année-là que les «Dîners de faveurs» ont commencé. Donc bien avant Claude François, comme vous pouvez le constater.
Bon, OK. Mais un «Dîner de faveur», c’est quoi ? Préparez-vous : c’est la minute didactique, même si ça ne me va pas. Ahah.
Fondés au début du XXe siècle par Pierre Trémoulière (directeur de la maison GH Mumm) et Jules Roquès (directeur du Courrier Français,) ces dîners gastronomiques de haute-folie étaient organisés dans un restaurant parisien une fois par mois – l’idée : réunir des artistes et des personnalités autour d’une table présidée par Paulette Darty et Max Maurey, et les «éclater» (comme dirait notre pote Gad Elmaleh.)
Au menu, un repas divin rythmé d’accords mets/champagne (qui à l’époque, ressemblait à ça) – et ponctué de petites animations musicales, humoristiques ou poétiques diverses et variées, mais toujours sympathiquement sélectionnées.
Alors à l’occasion de l’édition 2014 de ses «Menus de Légende», la maison GH Mumm décidait de créer l’univers unique de ces fameux dîners – et de faire réinterpréter par maestro Vigato le menu du 14e repas servi à ses aïeuls du siècle dernier. En commençant par remettre à chaque invité une jolie petite enveloppe remplie d’un vers du poème de Raoul Pochon avec un mot surligné, censé le représenter pour déterminer le placement de table à son arrivée.
«Délicatesses.» Voici ce dont j’ai hérité.
A peine installés, et un mssieu passionnément possédé est venu nous faire de la musique juste avec des verres à champagne, des cloches à assiettes empilées et son doigt mouillé : j’avais déjà les larmes aux yeux, le ton était donné. Et puis on a commencé à manger. Au champagne, siouplé.
Comme le veut la tradition, nous commençââââmes par le «potage de faveur» à siffler à la paille : ce consommé de bœuf truffé en trop mignon ayant pour vocation de caresser notre gosier dans le sens du colon – et de lui faire accepter jusqu’au bout du dîner les consécutives orgies de mets.
Ensuite, ce minestrone de homard si parfaitement cuit dans son léger bouillon; suivi de la « surprise du chef » d’une simplicité décadente, mais pourtant si délicieusement juste : un coeur de sucrine citronnée relevée de truffe noire, d’herbes et d’aneth – et si subtilement accompagnée d’un GH Mumm Blanc de blanc qui rend content.
Et puis, cette généreuse pièce de canard rôti et confit, servi avec ses petits pois à la française : un grand moment de tendresse, de justesse et de simplicité tendrement arrosé (d’un GH Mumm R.Lalou 1999, ouais ouais.) Avant de finir le salé par un assortiment comté et poire, qu’accompagnait un champagne blanc de noir – et de terminer sur ce spectaculaire soufflé et son granité.
Pendant toute la durée du dîner, des énergumènes diverses et variées s’invitaient à notre table pour nous amuser : du leader du groupe Griefjoy en duo au piano avec le «joueur de verre» sur Happy de Pharell en passant par Clément, ce magicien de folie qui a introduit à distance mon téléphone portable dans un ballon vert façon Victor Pivert, et a fait apparaître un billet de 20 euros gravé de mon autographe dans un kiwi (oui oui.)
Et pour finir, j’ai dégusté des cigares en terrasse avec vue sur ce jardin inouï.
Putain, il est 2h du matin. Je me lève dans 5h, ma voiture est garée à perpette et je suis rébou – mais j’ai passé une soirée si génialement déconnectée que je m’en fous.